Entre Eau Bourde et Pignada, du côté de Cestas
Notre petite rivière naissant à Cestas entre graves et landes, s’appelle l’Eau Bourde,
Rythmant les paysages de vallons qu’elle traverse, l’hiver elle apparaît lourde,
Sous le Pont des Amours, entre les étiages d’été elle semble gourde,
Pour améliorer ses « pas », les palanques permettent de traverser le marais de la Billaoude.
Le long de ses rives les fougères scolopendres balancent leurs feuilles en forme de fer de lance,
Antan, le millepertuis aux fleurs jaunes utilisées en infusions, guérissait les blessures tenaces,
L’angélique dont on disait qu’elle évitait d’attraper la peste, agirait sur la digestion,
Quant au plantain d’eau des étangs, ce « sparadrap du pauvre », traite les inflammations.
Avant l’arrivée de l’eau courante, l’Eau Bourde alimentait les lavoirs des blanchisseuses,
Été comme hiver, les mains dans l’eau elles battaient et remuaient le linge grisaille,
Les hommes les aidaient en déversant des seaux d’eau chaude dans les « bailles »,
Remontant leur lessive sur des brouettes pour la faire sécher sur buissons et plaines herbeuses.
Dès le 14è s., au Moulin de la Moulette, l’Eau Bourde était déviée,
Depuis son étier dirigeant la rivière, le flot entraînait une roue verticale à aubes,
Faisant tourner deux petites meules pour moudre le grain dès l’aube,
Acheté en 1860 par le Baron Haussmann, la commune en a acquis depuis la propriété.
Tout autour de l’Eau Bourde la forêt des chênes, vergnes et châtaigniers couvre la vallée,
Mais c’est par ces « pignadas » de pins maritimes que Cestas a fait sa renommée,
Avec son « hapchot » le résinier faisait saigner le pin pour récolter la gemme diaphane,
Transportée en barriques à la distillerie, elle fournira l’essence de térébenthine et la colophane.
Avant l’épidémie de myxomatose de 1932, le lapin représentait le gibier de base des repas,
Mais c’était la « lebe », le lièvre qui était le favori du chasseur au fin museau,
« Lou ploum », gibier à plumes permettait de remplir « l’abarsac », la gibecière « d’aouezts », oiseaux,
La « bécade », la bécasse dans les taillis occupait « lou casayre », le chasseur, dès les premiers frimas.
Durant le mois de mai, la « tourte », la tourterelle se chassait depuis les pylônes,
Entretenues durant l’été les palombières au sol, retrouvaient leurs fonctions à l’automne,
Où le « pimpailla », les coups de fusil, résonnaient au point du jour dans la forêt,
Les chasseurs tirant sur les « paloumes biroulayres », les palombes sédentaires affolées.
Antan le bois servait à se chauffer mais aussi comme matériau de construction,
Produisant des planches, le chevrier en haut, le renard dessous, c’était des scieurs de long,
Avec le vergne et l’aulne, les sabotiers fabriquaient les « esclops », les sabots,
Le châtaigner servait à la fabrication des caisses pour l’exportation des vins et liqueurs des châteaux.
Mais de nombreux incendies ravagèrent des milliers d’hectares du massif forestiers Cestadais,
Et alors qu’à peine des malheurs de la deuxième guerre mondiale le village se remettait,
Le 20 Août 1949 le feu, sur un front de 8 km, en tornades se fit dévastateur,
Victimes de leur dévouement contre la fournaise, le désastre fera 78 victimes de sauveteurs.
L’ARIÉ….JOIE