ARCACHON, la Reine du Bassin
Simple hameau à la fin du dix-neuvième siècle, Arcachon jaillie des dunes,
Est devenue sous l’impulsion des frères Pereire, une station balnéaire à la une,
Née sur une colline aux senteurs d’iode et de sève de pin, la Ville d’Hiver,
Devient vite la petite reine de l’Atlantique, chère à Eugénie l’Impératrice d’hier.
Au milieu des « fofolles », villas rivalisant d’élégance et d’excentricité,
Site magnifique pour plonger la tête dans les étoiles de la Côte d’Argent,
Et admirer le ballet des étoiles filantes en compagnie de Cassiopée,
Dans un joyeux mélange de style de manoirs anglais ou chalets suisses fringants.
A la belle époque, altesses et artistes occupent ses demeures à la surcharge décorative,
Disséminées dans la « pignada », accessibles par un dédale d’allées fleuries,
Elles ont pour nom, Teresa à l’aspect mauresque dans sa scénographie spéculative,
De pierres et de briques, ornementées de céramiques et ferronneries.
Entourée de balcons et lambrequins ciselés au petit point,
Toledo, la « Dame en dentelle » mérite amplement son surnom,
Quant à Trocadéro elle revendique le même amour du bois travaillé avec passion,
Offrant à la vue ses lucarnes à fenêtre débordante et sa balustrade en pourpoint.
Le bassin, un monde à part, d’eau et de sable, de courants et d’îles
Aux allures d’atolls polynésiens et de petits ports conchyophiles,
Ici l’huître à pignons sur rue, dans les chais à trier et à déguster pas cher,
Souple et iodée elle s’accompagne d’une rasade de blanc de l’entre Deux – Mers.
Jalonnés par les « pignots », les parcs à huîtres abritent les tuiles chaulées,
Collecteurs servant à fixer les naissains qui au bout de huit mois sont « détroqués »,
Séparés de la tuile pour continuer leur croissance dans les « poches » grillagées,
Les protégeant des gourmands prédateurs, étoiles de mer et crabes acharnés.
En sillonnant dans un écheveau « d’esteys », à bord de leurs pinasses allongées,
Les ostréiculteurs transportent leurs huîtres dans leurs cabanons colorés,
Chemin de mer à suivre scrupuleusement pour éviter l’échouage sur un banc,
Tel celui d’Arguain, langue de sable vagabonde sous l’action de la mer et des vents.
En équilibre, entre ciel et mer, les cabanes « tchanquées » perchées sur leur échasses,
Telles un mirador dressées dans l’estran, surveillent l’Île aux oiseaux, privée de chasse,
Paradis hivernal des migrateurs, héron garde-bœuf, se nourrissant dans les zostères,
Ou élanion blanc arpentant les « mattes », ces prés salés à la salicorne en jachère.
Dans cet empire du pin, les rangs nourris des soldats résineux à l’océan font front,
Alors que les gemmeurs collecteurs au geste « piqué » pratiqué avec «lo hapchot »,
Cette hache à bec courbe, saignent ces « arbres d’or » avec doigté pour mettre en pot,
La colophane tirée de la résine faisant agréablement chanter les cordes des violons.
Tel un désert saharien en plein cœur de Gironde, la Dune du Pilat étire sa crête sous Eole,
Comme un grand erg de sable pris en écharpe entre la pinède et l’océan en furie,
Ce mastodonte de sable décrit par Montaigne comme « de grandes montioles
D’arène mouvante qui marchent d’une demi lieue devant elles et gagnent du pays ».
Dans cet atmosphère ouatée il fait doux sur le bassin de Gujan-Mestras,
La ville aux sept ports, fiefs de l’huître à Le Canon logé au fond de sa conche fière,
Avec ses authentiques cabanes drapées de guirlandes de roses trémières,
Jusqu’à Piraillan où sa chapelle en bois est perdue dans la forêt et ses fatras.
Nous finirons notre escapade dans les trésors de la lagune par L’Herbe,
Petit port ostréicole où Valentine Des PUJOLS, surnommée Titi la mémoire du verbe,
Décrivant avec passion la construction de l’Hôtel de la Plage, pimpante construction
Bâtie pour offrir « une vraie cantine en dur » aux résiniers et bûcherons.
L’ARIÉ….JOIE