Ariège à Coeur ou Vers - Site Poèmes & Diaporama de L'Arié...Joie

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ARIÈGE à Cœur ou Vers

Dans cette petite contrée pyrénéenne de l’Ariège, coule sa rivière,
Hérissée de rochers au milieu des eaux descendant du Pic Nègre d’Envalira,
Traversant en cascades les luxuriantes forêts de sapins et de hêtres plus bas,
Qui tapissent les flancs des montagnes de schiste, de granite et de calcaire.

Ô Ariège berceau de mes tendres années
Terre de mes racines aux portes du Midi
Tu es l’âme et la fraîcheur des Pyrénées
Tu es telle un isard scrutant le paradis

Irrésistible tu es une aquarelle
Où coulent tes torrents d’eau pure naturelle
Emporté par le charme de tes contrées
Pour moi tu es l’étoile des Pyrénées

De larges touffes de « gispet » poussent sur la rocaille affleurante,
Disposées en gradins, laissant sous les derniers éclats du soleil pyrénéen
Les crêtes s’enflammer, quand pris dans l’arête d’un pic lointain,
De gros nuages de coton s’étirent en mousseline de brumes larmoyantes.

Sur cette « Terre Courage », épierrée et amendée par les Anciens,
On sent toujours vibrer le sol de la rébellion et du refus,
L’hérésie guette le moindre village et l’esprit cathare diffus,
Tel un aigle royal, plane toujours sur ce pays authentique des sapiens.

Je te salue Les Bordes d’amour
Mon doux village aux accents de terroir
Toi qui nourris mon cœur depuis toujours
Tel un ami je reviens te voir

J’aime tes rues aux senteurs d’antan
Foulées jadis par des gens besogneux
Tes murs ancestraux sont bien vivants
Corps outragés mais ô combien précieux.

Tes coteaux sculptés en terrasses
Autrefois l’Eden des arbres fruitiers
Te font un beau décor plein de grâce
Où tu pauses à leur pied sans même larmoyer.

Passé le Piémont tout en courbe au dessus des vallées,
A la fois belvédère et marchepied sur la mer des rochers surrectionnels,
Au pied du Montcalm, vers Soulcem et ses estives esseulées,
Les bergers font perdurer la tradition du pastoralisme fusionnel.

A l’approche de l’été, la « dévête » sonne l’heure de la transhumance,
Sonnailles au cou, le bétail guidé par les bergers quitte les vallées,
Un temps de fête au son des milliers de sabots frappant les sentiers,
Pour après l’effort goûter à l’herbe fraîche des estives, en vacances.

Proche du « courtal » de Goulur, au-dessus de Massat, quadrillé de drailles,
Les brebis cornues tarasconnaises se repaissent de « réglisse »,
Surveillées de loin par les « majourals » s’abritant dans les « orris »,
Ces cabanes girbées, en pierre sèche, à portées du bétail.

Sur ces pâturages le berger porte autour du cou son « samagé »,
Petite musette remplie de sel pour ses vaches et ses brebis en liberté,
Parfois accompagnées des princes noirs des estives à la robe zain lustrée,
Les chevaux de race Mérens, les « mérangais « à l’excellente renommée.

Dans le Vicdessos, ces « orris » formaient de vraies fermes montagnardes,
Les « bourdaous », avec bergerie, resserre, cave à fromage, enclos et poulailler,
Où l’été venu, chaque famille, « papé » en tête, « amoutagnait » au complet,
Regroupées comme au Carla, véritable village de pierres cambroussardes.

Assit sur son « cadiérou », petit banc à trois pieds, le berger tirait le lait,
Dans le « birou », jarre tronconique en hêtre coupé à la lune dure printanière,
Il y recueillait la « pinto », la crème, avec la grosse « cuillè »
Plate comme une lame, munie d’un talon de sabot creux formant la cuillère.

Dans un « birou » plus grand, équipé d’un piston agité de bas en haut
On fabriquait « lè buré », le beurre, en séparant le « ser », petit lait,
Et pour ne rien perdre, on battait sur les cuisses le birou à chaud
D’où sortait « la batudo », ce régal de billes cylindriques et parfumées.

Sans clé de voûte, ni charpente, l’absence de bois de ces cabanes
S’expliquait par l’application en 1827 du Code forestier de Colbert,
Provoquant la « Guerre des Demoiselles » dans l’Ariège en concert,
Où les paysans déguisés en femmes attaquaient gardes et gendarmes.

Fini les « aléous », ces arrangements seigneuriaux accordés aux paysans
Pour prélever du bois d’ameublement et de construction,
Déguisés avec les chemises de nuit des femmes d’antan,
Face cachée avec des masques tressés, ce fut une mini révolution

Dans ce courtal on maintenait le bétail la nuit, surtout les moutons,
Pas les vaches, ni les turbulentes chèvres escaladeuses,
Ceux qui faisaient du son, chantaient en frappant le sol de leur bâton
Pour faire danser en sabots, garçons et filles aguicheuses

Quin bestia qué soun las crabos (quel bétail sont les chèvres)
Quin bestia ta despiétous (quel bétail si turbulent)
Pey hors qué s’esparicon (par les jardins elles se dispersent)
Qu’escapiton leys broutous (elles décapitent les bourgeons)

Dans ces abris précaires le repas consistait souvent en une « machado »,
Purée de pommes de terre au lait de vache, chauffée « sus bras »,
Parfois « l’azinat » venait changer le menu avec cette potée au lard,
Composée de choux, fèves, navets, porc salé et rouges haricots.

Les jours de fête on s’offrait une truite péchée à la main sans délit
Dans les bordures de lac, sous les souches de hêtres branlantes
Cuite au feu de bois sur une lause ou une ardoise brûlante
Avec « pescaillous » ou « coques » trempées dans une rasade de « bi petit ».

Alors que la lumière s’estompe sur le cône tronqué du Valier
Le royaume des ours plonge dans le crépuscule, bercé par Eole
« Lou Moussu » comme le nomment les Ariégeois, arpente la forêt
Où il trouve à la fin de l’été, faines et myrtilles dont il raffole

Au sortir de l’hibernation, près du col de Pause, ce nounours amaigri
Part à la recherche des « muguettes », tubercules rassis
De ces grands conopodes aux feuilles découpées en dentelles
Laissant sa griffade de contentement sur le tronc des hêtres

Tantôt icône du monde sauvage et bête aux féroces lubies
Tantôt fauteur de troubles et dévoreur de brebis
Tantôt boule de poils pataude et tendre compagnon des nouveaux nés
L’ours divise et alimente contes et légendes à travers le monde entier

Animal symbole des Pyrénées,  il rappelle « l’ousaillès » du Garbet
Béret aplati sur le crâne, moustache conquérante, barre de frêne en main
Il conduisait sur les routes de France son compagnon enchaîné
Au son de « danse Martin et gagne ton pain ».

Partis des montagnes ariégeoisies , faire fortune aux Etats-Unis
C’est au rocher d’Ercé du Central Park newyorkais qu’on les trouve réunis
Tous ont trimé, certains dans la restauration ont réussi
Revenant sur la terre des ancêtres, on les appelle « les américains » enrichis.

Au sommet du petit mamelon surplombant le plateau de Coumebière
Le sentier court de crêtes en cols, dans ce Couserans percé comme du gruyère
Par les galeries des anciennes mines de fer et d’argent
Peu rentables depuis trente ans, où Armentières vit se fermer son gisement

Entre ombrée et soulane, à l’heure de la migration des oiseaux
Le redoutable chasseur rapide en piqué, le faucon pèlerin  
Viendra dans les nuées de grives et d’étourneaux
Envahissant les cieux tourmentés de l’automne, prendre son butin.

Sur les berges de l’étang d’Arreau, sorte d’oculus de verre bleuté,
Percé dans la pierre d’un verrou glaciaire, la « grassette » huileuse,
Adepte des tourbières, piège les insectes venant se coller
Sur les poils de ses feuilles enduits d’une colle gluante et visqueuse.

Sur les pentes rocailleuses et dans les gras pâturages,
La Carline acaule en refermant ses capitules argentées
En cas d’humidité, sert de baromètre hors d’âge
Sous le regard des hardes d’isards inquiets.  

L’oule du cirque de Cagateille, rivalisant avec Gavarnie,
Reçoit avec fracas les eaux des étangs de la Hillette et d’Alet
Sautant en cascades, entre rocaille et forêts,
Finissant en ruisseau où volettent les libellules pleines de vie.

Par le Port d’Aula conduisant en Espagne, les « miquelets »,
Ces « bandoulliers » pilleurs de grands chemins sévissaient,
Tandis que sur ce « Chemin de la Liberté »  utilisé par les passeurs
A la seconde guerre mondiale, les juifs persécutés cachaient leur douleur.

Cerné par les hêtres têtard, les eaux émeraudes du lac de Bethmale scintillent,
Dans cette vallée, les hommes portent la « bareto », culotte colorée,
Les guêtres avec cordelières à pompons, le gilet de laine blanche brodé,
Et leurs fameux sabots à pointe effilée en souvenir de Esclarisse.

Torrents des Pyrénées

Parfois dominés par la Dame des Neiges
Les torrents bondissent allégrement dans leur manège
Charriant et polissant les cailloux arrachés à la montagne marron
Sur lesquels l’eau cristalline joue à saute moutons

Friandise anodine sur les étals des marchands
Ces galets deviennent terriblement ravageurs et méchants
Lorsque le flux de la rivière enfle et gronde
En se ruant comme une furie impitoyable à la ronde

Malheur à tout ce qui se trouve sur leur route déchaînée
Terres confisquées sans préavis, ni sommations
Arbres dessouchés, ponts arrachés, magasins dévastés
De St Béat à Lourdes, tout ne fut que désolation.

Foix en Ariège

Située au confluent de l’Arget et de l’Ariège
Foix sur son fier éperon rocheux
Vit naître vers l’an mille un château qui la protège
Les Comtes l’aménageront plus tard en palais dispendieux

L’Ariège vallonnée, pastorale et sauvage
Rayonnante sous le soleil, procure des joies rafraîchissantes
Avec le rire de ses cascades et ruisseaux en babillage
Et la beauté secrète de ses lacs aux eaux fluorescentes

Mais l’Ariège c’est aussi ciel bas et crachin
Avec ses filoches s’accrochant aux montagnes des Fuxéens
Sous le regard gai des tendres chicorées
Des minuscules mélampyres ou douces angéliques parfumées


Mon Accent

Mon accent de l’Ariège d’antan
Il roule comme les pierres du torrent
Il chante comme les grillons ailés
Il s’envole vers les cimes des Pyrénées

                                                                                      Guy dit l’Arié…..Joie




                                                                         



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