Juillet, mois blondinet
Sur d’incandescentes clartés, Juillet le blondinet ouvre à deux battants les portes de l’été,
Telle une fontaine de jouvence la lumière se déverse en flots sur l’onde de Messidor dansant,
Voilà l’astre solaire annonçant la saison des estivants sur fond d’odeur de foin coupé,
Pour finir à l’orée crépusculaire sous les hululements de la hulotte face aux noctules virevoltants.
Si vous baguenaudez dans les Pyrénées, partez à la rencontre de « l’immortèla » en cortège,
Chantée par les Béarnais, l’édelweiss est un hymne à l’amour et à la liberté,
Cette noble blanche au nom populaire d’étoile d’argent ou de princesse des neiges,
Lance son défi à la montagne en dressant ses six capitules jaunes entourés de folioles étoilées.
Du côté de Laruns et de Bielle les jeunes conscrits offraient une immortelle à leur promise,
La légende raconte que dans la vallée de Gavarnie, trois aragonaises refusèrent ces avances fleuries,
Les bergers mécontents s’adressèrent à la sorcière qui les transforma en pierres soumises,
Depuis lors des aubades matinales d’été, les baladins distribuent l’édelweiss sans diableries.
En été c’est au fond d’une combe ariégeoise que « lou Moussu », « lou pé descaous »,
Le va nu-pieds comme l’appellent les gascons, trotte l’amble, la truffe humant l’air, benêt,
Remontant à flanc les pentes boisées chargées d’effluves d’asphodèles et de genêts,
Il va se régaler de couvains de larves d’abeilles protéinées, le miel sera le dessert de l’ours.
Alors que les bleuets teintent les champs d’orge, une éclaboussure de coquelicots rougit les blés,
Quant au ciel, tel un volcan il se pâme d’écarlate à l’horizon où flambe le couchant,
Laissant la place à l’astre des nuits dans son habit de lumière à la douceur mystérieuse enrubannée,
Musardant sur le sentier dans la pénombre du sous-bois face au jour grandissant.
Dans la garrigue somnolente, la cigale mâle fait vibrer ses cymbales lustrées,
Mais qu’il est doux de sentir l’odeur de la menthe en froissant légèrement ses feuilles,
Où dans les chemins creux en lisière de forêt exhaler le parfum enivrant du chèvrefeuille,
Offrant le gîte et le couvert au sphinx gazé et à la chenille du sylvain azuré.
A l’été le chant des nids fait place au chant des grillons sur leur monticule,
Mélodie lancinante qui des feux de l’aube aux rougeurs du crépuscule,
Fait frissonner d’émoi et rêver allègrement au farniente des vacances gentillettes,
Dans les prés fleuris par les hauts épis bleus ou violacés des pieds d’alouette.
Dans la Drôme provençale, Oh lavande que tu es belle quand tu étires tes sillons, charmante,
Comme un océan ondoyant, recouvrant le plateau d’une couleur mauve odorante,
Quand la brise doucement t’effleure te faisant frissonner en vagues chatoyantes,
Pour finir sous la chaleur torride de l'été en larmes de parfum enivrantes.
Dans les vignes du bordelais, après son repos hivernal la vigne pleurait au Printemps,
Les pluies importantes de Juin ont provoqué la coulure lavant le pollen fluorescent,
Empêchant la bonne fécondation des fleurs et favorisant le millerandage des grains atrophiés,
Frappés aussi par le mildiou que la bouillie bordelaise au sulfate de cuivre peut éradiquer.
Les dictons vignerons prévoyant bien tous ces phénomènes,
Vent de mars et pluie d’Avril font gonfler le baril,
St Jacques pluvieux donne vin sans feu,
Si Juillet est beau, prépares bien tes tonneaux.
Après les feux du 14 Juillet, le raisin prendra ses couleurs définitives avec la véraison,
Mais parfois des éclairs d’acier balafrent de rais de lumière aveuglante l’horizon,
Annonciateurs de grêle dévastatrice, empêchant les vignes de s’habiller d’émeraude rougi,
Sauf si Éole chasse ces hordes belliqueuses, le soleil poudrant d’or les pampres alourdis.
Et si en juillet le faucheur fait les foins et les blés,
L’ARIÉ…..JOIE avec sa casquette aux couleurs arc en ciel,
Rêve à ses prochaines vacances australes au pays du soleil,
Il s’envole vers de nouveaux rêves enchantés.
Il rêve aux grandes vagues immobiles du désert du Namib aux couleur de miel,
Là où sur cette étendue de sable les ombres des dunes ressemblent à des lacs au crépuscule,
Sous la brume sèche qui ondoie à l’horizon la poussière ocre monte vers le ventre du ciel,
Quand tel un mirage, un oryx gazelle aux longues cornes striées sur le sable ondoyant déambule.
Il rêve aussi au foehn faisant plier les têtes des sapins sur les flancs escarpés,
Ce vent frôle les gens, les caresse de sa chaude langueur et les laisse grisés de tiédeur,
Plus haut, les coqs de bruyères et les perdrix blanches se glissent en piaulant sous les névés,
Les isards remontent vers les cimes pyrénéennes pour mettre à l’abri leurs petits baroudeurs.
L’ ARIÉ…JOIE