Al Cant de l’Aigua
Avant que sonne l’Angélus du matin, le coq de bonne heure avait réveillé le mitron,
Et déjà sur la place du petit bourg de La Bastide de Sérou, le pain sentait bon,
L’Arize roulait ses eaux limpides près du vieux moulin solitaire de Molo Porto,
Mais le meunier n’y réapparaîtra plus, il est mort cet hiver dans son château.
Il a laissé dans sa demeure centenaire tout l’ouvrage de sa vie sans tape à l’œil,
Un voile de brume a caché quelques instants le soleil, en signe de deuil,
Soudain un effluve d’amour s’exhale de la vallée pour faire revivre avec un légitime orgueil,
Ce rustique héritage tout enveloppé d’un doux feuillage vert où siffle le bouvreuil.
La lumière se glisse à nouveau à travers les ramures, tout semble revivre,
La rivière abreuve la vieille roue du moulin, la spirée embaume les vapeurs d’eau,
Le zéphyr dérobe les parfums qui se fondent dans l‘air pur et frais du matin sans givre,
Les oiseaux en quête de pâture, cherchent partout le froment qui a disparu au galop.
Les vieilles tuiles coiffent le sommet de la toiture capitonnée de mousse chaude,
Les lichens roux colorent la façade où des guirlandes de lierre courent sur les murs,
Paradis des lézards et des moineaux, c’est presque un décor de fête, une ode,
Dans ces murs centenaires arrachant à ce vallon le pain d’un quotidien dur.
Au loin, poursuivant sa route immuable, le soleil réchauffe à nouveau la vallée,
Laissant derrière lui ses effluves d’or inondant l’horizon, témoin de lendemains brillantés,
Malgré ses blessures, le moulin renaîtra en écoutant murmurer sa grande roue enchantée,
Avec le ciel Séronnais comme décor et les grains d’or des souvenirs aux vents éparpillés.
Guy dit l’Arié…..Joie