Le Printemps Magicien
Ce Printemps naissant esquisse encore ça et là ses ruines hivernales
Retirant ses troupes à l’armure glacée, il hisse son drapeau Germinal
En ces prémices printaniers, l’alouette « lulu » enchante friches et landes
Dans les airs, l’argus vert émeraude, surfe sur la vague du zéphyr en sarabande
Dans la forêt, Flore déesse de la sylve a piqué sur le canevas de chlorophylle
D’adorables corolles bleu-mauve, surnommées « violettes des sorciers »
Alors que dans leur rabouillère douillette les lapereaux agiles
S’apprêtent à pointer leur petit museau poilu de terrassier
Dans le ciel le diamant crépusculaire de Mercure scintillant,
La planète du Dieu romain des voyageurs et des commerçants
Flirte avec le tout petit croissant lunaire naissant
Tellement fin qu’il ponctue le firmament d’une apostrophe d’argent
Avec Floréal qui rit, la nature fait tourner son manège enchanté
Grâce à la symphonie pastorale de la grive musicienne enjouée
Mêlant sa mélodie à la ritournelle flûtée de la fauvette à tête noire
Dans l’ivresse évanescente des fleurs précoces du promenoir.
La jeune saison se prend aussi pour le coquin Cupidon
Faisant tourner la tête, aux mammifères, oiseaux et papillons
Tandis que les pâquerettes qui ont revêtu leur collerette blanche
Ouvrent leur cœur d’or dans les prés en compagnie des pervenches
Dans le potager, verts, blancs ou rouges, c’est l’époque des choux
Dans les parterres de fleurs après les jacinthes, violettes et narcisses
Suivent enfin les gracieuses tulipes aux feuilles implorant le soleil doux
Portant vaillamment leur bouton floral, bijou quartz rosé ou rubis
Dans sa montagne assoupie, le tétras-lyre ouvre la cérémonie des parades
Ce barde par ses chuintements déchiquette le silence pour affoler sa brune
Caroncules écarlates gonflées et queue en lire déployée à la une
Cet amoureux transi enchaîne sauts et claquements d’ailes comme offrandes.
Dans les prés, dans les haies des fleurs tant qu’on en veut
Regardez les papillons s’en vont par deux
Même la nuit on en a plein les yeux
Franchement, qu’est-ce qu’on attend pour être heureux !
L’ ARIÉ…JOIE