Maman tu es partie
En ce matin d’automne alors que la brume se lève, laissant sécher les pierres fumant au soleil,
Au loin nos chères Pyrénées apparaissent en majesté telle une illumination,
Les fumées acides des feux de bois aux alentours se mêlant aux arômes poivrés de la végétation,
Confèrent à la campagne d’Arize une atmosphère où règne comme un sortilège de mélancolie au miel
Maman quand vous vous êtes connus, après la guerre, Papa t’appelait Lili,
Fille de paysans d’Ariège tes parents t’avaient donné le joli nom de Noëlie,
Tu avais plus de 20 ans quand votre amour t’a permis de quitter la terre,
Pour rejoindre la Poste et aider le Facteur-Receveur comme fonctionnaire.
Plus de 50 ans tu as vécu à ses côtés dans tes presque cent ans de vie,
Papa parti avant l’an 2000, pendant plus de 20 ans tu as rêvé de sa compagnie,
En 2020 à l’Ostal protégé de Daumazan, tu as échappé au Corona printanier,
Mais à la deuxième vague de novembre, la Covid en peu de jours t’a emportée.
Quand ton amour et ta tendresse m’envahissaient,
Mon âme était inondée d’une grande douceur,
Aujourd’hui tu es partie, sur le parchemin mes mots glissent,
Ecrits pour Toi, Maman, avec l’encre de mon cœur.
Maman tous les mois nous avions grand plaisir à se voir chez les Ariégeois,
Le reste du temps, le téléphone nous permettait d’échanger dans notre patois,
Nous parlions souvent de mes 400 coups lors de ma jeunesse de « poulissou »,
Et on riait ensemble quand tu me disais, « tu nous en a fait voir mon fillou ! »
Quand l’horloge du temps affichait tes ans,
Ce très long parcours au compteur de ton âge,
Mon cœur d’homme et ma plume de poète,
Maman, se disaient qu’un jour tu changerais de rivage.
Ton carillon, Maman, a sonné la fin du pèlerinage,
Ton corps fatigué par la Covid s’en est remis au Seigneur,
Ton regard, Maman, s’est éteint à quinze heures,
Fermant en silence les persiennes de ton visage.
Maman, j’ai partagé tes joies et tes tourments,
Ton cœur en lâchant a paraphé la dernière page,
Ton Livre de Vie s’est refermé, tout simplement,
Sur tes chapitres gravés avant le grand passage.
Les anges sont venus te chercher avec leur attelage,
Ton âme, Maman s’est envolée pour le Paradis,
Tu m’as laissé les clés de ton Amour et de ton courage,
De ta bonté et de ton éternelle jeunesse, aussi.
Luis Mariano chantait « Maman, la plus belle du monde », tu l’adorais,
Et Didier Barbelivien « Maman là-bas tu vas danser sur les violons de ton passé »,
Même loin des yeux Maman, tu seras toujours près de mon cœur,
A toi la gloire pour t’accompagner avec le chant des protestants en chœur.
Maman ton soleil, a fait place à ton Étoile dans la nuit,
Quatre-vingt dix-huit printemps tu as donné à la Vie,
Je suis redevenu ton petit garçon sous l’orage,
Sois toujours mon repère et mon éclairage !
Tu viens de rejoindre Papa chez les bienheureux sans âge,
Tu es partie pour « Martrou », cet automne qui resplendit,
Tes cent ans proches annonçaient un délicieux présage,
Merci à Marco le poète du Vallon de Marcillac pour m’avoir permis
d’adapter une partie de mon poème avec celui qu’il a réalisé
pour sa maman « Lélette » de 96 ans.
Pour ce « Grand Voyage » j’ai trouvé que cette magnifique
interprétation au saxophone de « Jerusalema » permettrait de
partager avec vous un moment de recueillement, la version
chantée actuellement indiquant dans un tout autre contexte :
Je n’ai pas ma place ici
Mon royaume n'est pas ici
Protège moi
Marche avec moi
Guy PUJOL dit l’ARIÉ…..JOIE