Ô Montagne d’azur, Ô Pyrénées adorées
Montagnes Pyrénées vous êtes mes amours,
De La Rhune au Canigou vous scintillerez toujours,
Montagne en majesté aux sentinelles pétrifiées,
Vos arêtes, pitons, aiguilles semblables à une armée levée.
De l’Anet au Vignemale, en passant par la brèche de Roland,
Vos pics sont sacrés, refuge des fées proche du Val d’Aran.
Mont Calm, Pic des Tempêtes, Aiguille d’Ansobère,
A vos pieds se décline un éternel poème de pierre.
Maîtres de la foudre et des orages,
Dieux et démons règnent sans partage,
Vers vos cimes altières où le temps mène la danse,
En laissant chanter la beauté et le silence.
Au plus haut des monts, au plus profond des vallées,
En hiver féerique où scintille la neige accumulée,
En été glorieux quand jaillit le soleil,
Les Pyrénées nous enchantent comme nul pareil.
Fini le temps des terrasses défiant les pentes hostiles,
Où la caresse de la faux affûtée comme un sabre,
Transformait les hauts pâturages en une pelouse rase et fertile,
Mais faute de soin les cabanes rustiques de pierre s’y délabrent.
Sous l’œil rieur de l’iris aux pétales violets zébrés d’or,
Face à la corniche abrupte, les chocards au bec jaune,
Merveilleux fous volants, jouent les équilibristes trompe–la-mort,
En admirant du ciel la ramondie violette et l’aconit en cône.
Sur la dentelle blanche de vos crêtes,
Fiers et légers les isards caracolent,
Les as de la cavale, les acrobates des falaises volent,
Les voltigeurs des ravins gardent toujours haute leur tête.
Dans son cirque glaciaire de l’hémicycle parfait de Gavarnie,
Sur les gradins plissés de cet opéra de glace brunie,
La cascade joue son concert en panaches vaporeux,
Avant de remplir l’oule dans un grondement généreux.
Dans les miroirs du ciel, laquet ou estanet, bleus, verts, blancs,
La chimère des eaux froides, le desman,
Avec ses pattes de taupe et son museau de musaraigne,
Joue les trompettes de la renommée, en fouissant comme une teigne.
Ici la langue qui roule les phrases en cascade,
Avec l’accent chantant et rocailleux, les fait torrents.
Du patois ariégeois, au basque et au catalan
De fêtes en chants, les hymnes régionaux animent la parade.
Alanguies et somnolentes au soleil de midi,
Les Pyrénées onduleuses et sveltes en oraison,
Des canyons basques aux glaciers du Pic du Midi,
Ont besoin de passion plus que de raison.
Dans cette enluminure de couleurs et d’harmonie,
Quant le soleil met le feu aux rocs cramoisis,
Alors s’écrit un poème géologique de grâce indicible,
Dans un jardin magique, incitant au respect comme une bible.
Le contraste entre le vert cru des pâturages,
La blancheur des murailles verticales d’un autre âge,
Et le bleu profond du ciel méridional,
Joue la partition d’une symphonie polychrome peu banale.
Proche des gaves naissants, des rivières cristallines,
Les boules rousses pirouettantes des marmottes dodelinent,
En roulé–boulé dans la pierraille des cairns et des éboulis,
Spectacle de clowns, les nuages applaudissent, la montagne sourit.
Dans les futaies, le raisin d’ours tapisse les sous-bois,
Friandises appréciées de l’ours des Pyrénées,
Plantigrade élevé au panthéon des divinités,
De Cannelle à Balou, face aux brebis, parfois se sont mis hors la loi.
A travers l’histoire, passé ce col ou ce pierrier,
Fini la peur, fini l’angoisse, au bout l’espoir et la liberté,
A l’abri des « orris », loin des rafles et du tocsin,
Là où il y a une volonté, il y a un chemin.
De Esclarlys la jeune bethmalaise infidèle,
Au cœur exposé par son fiancé à la pointe de son sabot,
A la jeune fille blonde filant paisiblement son tricot,
Assaillie par les loups, que de légendes au pays de Pirène.
L’ARIÉ…JOIE