Trésors de l’Aude
Dominés par le pic de Nore, solidement ancré au cœur de l’Occitanie,
Les territoires du pays Carcassonnais, historiquement délimités par la langue d’Oc,
Sont fiers de voir se dresser les tours de la Cité , un hymne aux troubadours de génie,
Dans cette Aude où l’art du bien vivre flotte au gré du marin et de la tramontane de choc.
De Carcassonne la médiévale aux châteaux cathares, des Corbières à la Montagne Noire ,
L’Aude possède mille visages des plages méditerranéennes aux gorges de la Haute vallée,
En quelques kilomètres on passe de la mer à la montagne, entre étangs et vignobles à boire,
Signifiant fougueux en latin, l’Aude porte bien le nom du fleuve qui la traverse emballé.
Du côté de Port La Nouvelle , entre lagune et espace rural vers le canal de la Robine,
S’étend le site de Sainte Lucie avec ses anciens salins de la lagune côtière de l’Ayrolle,
Autrefois une activité intense animait ce ruban d’eau douce avec le ballet des péniches héroïnes,
Déchargeant les céréales du Lauragais dans les silos pour le bassin méditerranéen agricole.
En empruntant l’ancienne allée feutrée de rames de pins on atteint cette île poétique,
Sillonnée de sentiers couverts de poussière ocre menant sur un plateau semi désertique,
Qui se pare, ça et là au printemps, de genêts et d’ajoncs scintillants de jaune paille,
Face aux lentisques aux fleurs purpurines parsemées de jolis grains de corail.
Depuis le balcon naturel du roc St Antoine admirons les pins d’Alep majestueux,
Ils bordent les étangs où le vent fait plisser les eaux sans déranger les flamants roses,
Les salins remis en eau accueillent les limicoles, huîtriers, sternes et avocettes en pause,
Sur cette terre bucolique où rayonne une lumière blanche dans son écrin de verdure lumineux.
Tel un fil d’Ariane, le canal de la Robine conduit vers les hauteurs de l’île sans ruines,
Où sur l’ancien chemin de halage, le vent amène par bouffées des parfums de résine,
Dans la pinède chauffée par le soleil résonne le chant de l’alouette calandrelle à l’affût,
Cachée dans les herbages de ce paysage à la beauté envoûtante où se dresse le statice diffus.
Du côté de Caunes-Minervois, quel plaisir d’emprunter le chemin des trailles,
Sentes tracées par les moutons dans leur montée en estive vers la Montagne Noire bossue,
Au détour d’un virage admirez un enclos de pierres sèches et sa « capitelle » de pierrailles,
Une fois sur la crête, les gorges du Cros vous dévoileront le panorama sur le Roc du Moussu.
Accompagné par les chênes Kermès aux feuilles rappelant celles du houx piquantes,
Vous cheminerez à côté des plaques de marbre incarnat, rouge veiné d’une blancheur clinquante,
Conduisant à la « Carrière du Roy » d’où furent extraites les colonnes du Trianon de Versailles,
Certaines abandonnées sur une voie empierrée, gisent encore face au front de taille.
Au printemps, embaumant la garrigue, le romarin dresse ses fleurs pâles violacées,
Les industrieuses abeilles s’apprêtant à la fabrication d’un miel aux vertus insoupçonnées,
Vous y apercevrez aussi les fleurs généreuses du ciste cotonneux gaillard,
A l’aspect délicatement froissé donnant une forme d’hélice à sa cyme unipare.
En surplombant l’Argent-Double partez à l’aventure vers le Col des Bouis,
Le château médiéval de Citou vous permettra d’admirer les performances de Jean le Blanc,
Descendant en flèche les ailes repliées sur lui-même le circaète voltigeur ébloui,
Il atterrit en déployant ses larges rémiges, toutes serres dehors, sa proie foudroyant.
Entre Montagne Noire et collines de la Piège , le Lauraguais, berceau du catharisme,
Connut la férocité des croisés de Simon de Montfort vers St Félix de Caraman sans fatalisme,
Après cette terrible période, la Renaissance apporta un véritable miracle avec « Isatis »,
Une crucifère avec sa guède teinturière bleue, plus connue sous le nom de « pastel » jadis.
Ses feuilles séchées, broyées et pétries sous la forme de boules appelées cocagnes,
Apporteront au Lauraguais une prospérité sans pareille et un nom « Pays de Cocagne »,
Synonyme de terres prospères, à l’abri des revers du destin où l’on coule des jours de bonheur,
Mireval, niché au sein de douces collines, témoigne de ces heures de splendeur.
Non loin de là, sur les rives de la Ganguise , au bord du lac, le héron cendré,
Cet oiseau au long bec emmanché d’un long cou, sur une seule patte posé,
Attend le passage d’une proie qu’il assommera d’un puissant coup de bec,
Alors que filant comme une flèche sur l’eau, le martin pêcheur cherche sa pitance sans break.
Paradant sur l’onde le canard siffleur cherche à séduire les femelles en cohorte,
Quand dans les eaux calmes du lac le sandre se promène déployant sa voile dorsale épineuse,
Côtoyant la carpe que les moines du Moyen-Âge considéraient comme une chère luxueuse,
Alors que le brochet plus régulateur que prédateur chasse à la recherche des proies mortes.
En suivant le cours de l’Aude à travers son périple dans le Piémont pyrénéen agricole,
Que de paysages dans ce pays de gorges et de défilés, de plateaux et coteaux viticoles,
Dans les sous-bois du massif du Madres, paré de grandes sapinières et hêtraies belles,
En hiver, la chouette de Tengmalm joue de son « poupoupou » pour faire sa cour à tire d’ailes.
Tout près de ces grandioses forêts, juché sur son promontoire, le Château de Puylaurens,
Évoque le souvenir de l’intransigeante mystique du message des « Parfaits »,
Qui par leur dualisme cathare entre le royaume du Bien et le monde du Mal des sens,
Les a fait classer chez les hérétiques et voués comme tels au bûcher des imparfaits.
De la Méditerranée au pied des Pyrénées, le sentier cathare notoire,
Serpente par landes et genêts, à travers vignes et villages, ce fragment d’histoire,
Dévoilant par ses « citadelles du vertige » la vie des « Bonshommes » et de leur tribus,
En remontant le cours de l’histoire à travers l’Aude de Peyrepertuse à Quéribus.
En continuant de cheminer, le Pays de Sault ouvre ses vallées du Rébenty et du Jocou,
Gorges abruptes, défilés étroits, rivières tumultueuses s’offrent aux randonneurs casse-cou,
Au cœur du Quercorb le château médiéval de Puivert rappelle les « cours d’amour »,
Et plus bas les Pyrénées audoises ont pour capitale Quillan, cité de la chapellerie des cours.
Dans le sillage pyrénéen la douce vallée du Razès propose son cru de Malepère,
La halte à Limoux permet de déguster la célèbre Blanquette des grands-pères,
Puis de cheminer sur les sentiers de Nébias au milieu de la forêt de chênes pubescents,
Dans un labyrinthe vert d’un dédale de rochers karstiques recouverts des mousses d'antan.
Tous les hivers Limoux vit son tintamarre, les « fécos » défilent en costumes traditionnels
On fait la fête en craquant les « pébrados », c'est carnaval sous le soleil.
Sur les bords de l'Aude on savoure aussi les oreillettes et « pescalhos »
Le nectar divin de la divine Blanquette offrant sa trempette au « limos ».
Au sud de la grande plaine viticole la vigne attaque la pente des Corbières,
Ici l’histoire de la montagne d’Alaric vous conduira sur les traces de Roland,
La légende raconte que pour échapper à l’ennemi il fit sauter son destrier battant,
De l’autre côté, vers la Montagne Noire, l’empreinte du sabot restant incrustée dans la pierre.
C’est Charles Trenet qui voyait les tours de Carcassonne se profiler à l’horizon de Barbaira,
Ce petit bourg viticole, illuminé de soleil entre vignes et rocs dresse son clocher de pierre,
Les ruines de Miramont rappellent la notoriété du seigneur local Chabert de Barbaira,
Héros de l’épopée cathare, ce faydit fut surnommé le lion de combat à l’âme meurtrière.
C’est par une douce flânerie sur le chemin de halage du Canal du Midi aux platanes tutélaires,
Que l’on se prépare au choc esthétique qu’assène l’imposante cité médiévale de Carcassonne,
De la Porte d’Aude à la Porte Narbonnaise , deux mille ans d’histoire résonnent,
A l’abri des murailles où la sarrasine Dame Carcas teint tête à Charlemagne le populaire.
L’ARIÉ….JOIE