Trésors du Jardin de France
Dans ce jardin de France la Loire capricieuse, parfois fantasque, s’étale et s’alanguit,
Au temps de la marine à voiles, des gabarres et des fûtreaux assuraient le trafic dans son lit,
Entre plaines, coteaux, bosquets, et vallons aux légendes gargantuesques,
Terre des arts et des lettres, les rois en ont fait leur résidence sous la Renaissance montaignesque.
Toi belle ville qui fit honneur aux Namnètes, puissante capitale de Bretagne en défiance,
Toi, douce ville bretonne qui en 1491 porta Anne sur le trône de Reine de France,
Douloureuse ville pour tant d’hommes mais histoire de paix par ton édit d’Henri IV roi,
Nantes ex-petite Venise de l’Ouest, ville de pierre qui un temps fut de bois.
Gardé par deux sphinx en pierre, Chenonceau, blanche passerelle posée sur le Cher,
Élégant, romantique, il incarne la séduction au féminin entre Catherine et Diane, la dame de chair,
Sa cheminée ornée de la salamandre et de l’hermine rappelle les lustres de la Renaissance,
Tout comme les lits à baldaquins, les tables en marqueterie et les tapisseries en magnificence.
Juché sur son promontoire, toisant les maisons ligériennes, Amboise fut siège de l’aristocratie,
Il conte l’histoire d’une amitié pleine d’admiration, entre Charles VIII, jeune roi ambitieux,
Et un grand génie de la Renaissance, inventeur jusqu’au dernier souffle, Léonard de Vinci,
Ce fameux créateur toscan ayant réalisé ses croquis d’avant-garde au Clos Lucé, gracieux.
Terre des arts et des lettres, les rois en ont fait sous la Renaissance le jardin de France,
Silhouette majestueuse, depuis 500 ans Chambord décline son utopie architecturale d’élégance,
François 1er en fera le décor de sa cour itinérante, « le gué sur la courbe » à bâbord,
Pour sa folie des grandeurs, une fantasmagorie de pierre dans sa dentelle de clochetons et d’ors.
Ce « palais de fées et de chevaliers » selon Victor Hugo, possède son joyau au centre du donjon,
Composé de rampes hélicoïdales et entouré de sa verrière, s’élève l’escalier à double révolution,
Subtil mariage entre l’escalier à vis moyenâgeux et les rampes droites italiennes,
Le château tournant sur lui-même avant de s’envoler vers la tour lanterne pompéienne.
Résidence favorite de sept rois et de dix reines, ce palais vous plonge dans l’histoire à sa guise,
Blois, capitale sous François II, dévoile sa façade de brique et chaînage de pierre blanche lustrées,
Son escalier monumental à vis s’ouvre sur la cour du château par de larges baies,
La chambre du roi et son immense lit d’Italie rappelle l’assassinat du Duc de Guise.
Château plein de grâce à la façade en tuffeau marquée de lucarnes à pilastres,
L’élégant écrin de Azay le Rideau, séduisit Balzac qui prenant le temps de l’admirer écrivit,
« Un diamant taillé à facettes, monté sur des pilotis masqués de fleurs, par l’Indre serti »,
Son parc à l’anglaise offre une balade romantique sous ses séquoias et cyprès droits vers les astres.
Tout contre la forêt de Chinon, les tourelles fantasmagoriques du Château d’Ussé,
Le conteur Charles Perrault en fera le château de la Belle au bois dormant, tout inspiré,
Et toujours sur la route de la vallée des rois, avec son style médiéval, Saumur,
Forteresse, palais puis prison deviendra un musée cerné par les vignes aux belles ramures.
Après que les châteaux aient perdus leurs rôles défensifs entre hauts murs et donjons,
Les parcs seront livrés aux artistes horticulteurs où, le reflet d’un éden perdu, ils chercheront,
Un paradis terrestre agrémenté de bosquets, de topiaires, de fontaines et de gloriettes en jouissance,
Les jardins de Villandry ayant rendu, sur trois niveaux, son authenticité à la Renaissance.
Dans ce pays du bien boire et du bien manger gargantuesque,
Rabelais, le tonitruant écrivain enracina son épopée par cette fresque,
« Sauter, danser, boire vin blanc et vermeil,
Ne rien faire tous les jours, que compter ses écus au soleil ».
Guy dit l’Arié…..Joie