Page 35 - Oeuvre de Guy Pujol - Octobre 2018
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Il était une fois, à Marmande, la fille d'un riche bourgeois, jeune, belle Ferline et sa
et sage. Les prétendants ne cessaient de tourner autour d'elle mais pomme d'amour
Ferline n'en trouvait aucun à son goût. Et pourtant, un de ces jeunes dans le jardin de
gens, Peyrot, de modeste origine, mourait d'amour pour elle, mais n'osait l‘Hôtel de Ville
le lui avouer, conscient d'être trop pauvre pour pouvoir y prétendre.
Rempli de chagrin, il décida de quitter Marmande pour « les isles »
où durant quatre ans il bourlingua des Antilles à la nouvelle Grenade.
Un beau jour, il prit le chemin du retour avec dans ses bagages une
pochette dans laquelle se trouvaient d'étranges graines plates
et d'un gris foncé.
Revenu à Marmande, il sema dans un coin ensoleillé du jardin paternel les
fameuses graines et, au début de l'été, apparurent des grappes de
magnifiques fruits rouges, ronds et lisses. Chaque matin, il en cueillait
quelques uns et les déposait dans une petite corbeille d'osier qu'il
abandonnait sur le bord de la fenêtre de Ferline.
Au bout de quelques jours, elle le surprit et
le questionna :
- Dis-moi, ami, comment s'appelle donc ce
fruit délicieux que tu m'apportes chaque
jour ?
- Lorsque j'étais aux Amériques, les indiens
l'appelaient la "tomate", mais moi je
l'appelle Ferline en souvenir de toi, tant
elle était belle !
Lors de Fêtes de Marmande de la - Eh bien, lui dit-elle en se jetant dans ses
mi-juillet la Tomate charnue et potelée bras, à partir d'aujourd'hui, nous
est à l’honneur. l'appellerons la « pomme d'amour ».