Page 2 - Ebook Des Newsletters 2020 de Guy Pujol
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C’est bien là, près de cheminée, la veille de Noël, où la tradition voulait
que les anciens content une histoire mystérieuse, enchanteresse, et
légendaire de nos terres ariégeoises.
Des sorcières aux lutins ? en passant par les monstres, chaque lieu
détient un secret qui se perpétue au fil du temps dans les rues des
villages, de génération en génération…
Une me tient particulièrement à cœur
LE SABOT DE BETHMALE
Au 11è s. les Maures envahirent le Midi de la France, surtout les Pyrénées
où ils occupèrent, en Ariège, la vallée de Bethmale.
C’est là que le fils du chef des Maures s’éprit de la plus jolie fille de la vallée,
mais elle était déjà fiancée au chasseur d’isard de la vallée : Darnert.
Ce dernier s’était retranché dans la montagne avec ses compagnons pour
organiser une vengeance. Il déracina deux noyers dont la base formait un
angle droit avec les racines, à l’aide d’une hache et d’un couteau, il tailla
et creusa une paire de sabots, des « esclops » ayant la forme d’un
croissant de lune avec une longue pointe effilée comme un dard.
Un jour, les bergers avec Darnert à leur tête, firent retentir les
« hillets », les sifflets, et livrèrent un rude combat contre les Maures d’où ils
sortirent vainqueurs. Puis ils défilèrent dans le village, Darnert, chaussant
ses sabots à longues pointes, avait accroché le cœur de la bethmalaise
infidèle à la pointe gauche et celui du Maure à la pointe droite.
Depuis ce temps-là, le soir de Noël, le fiancé offre à sa fiancée une paire
de sabots à longues pointes, habillés de cuir et richement décorés de
clous dorés dessinant un cœur.
Plus la pointe des sabots est longue, plus l’amour est grand.
En retour, la fiancée lui offre un tricot de laine brodé de velours et une
bourse empanachée de rubans, de paillettes ou de jais.