Page 24 - Oeuvre de Guy Pujol - Septembre 2017
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Il publiera aussi des plaquettes de vers où il met en parallèle

                         les quatre saisons de la nature et sa vie personnelle.







                               Dans  les  Bois  – Pensées  d’un  Forestier









                        Au   Printemps                                                                  L’ Été



      Que j’aime nos grands bois quand le Printemps s’éveille, Nos bois sont chauds, l’été : sous la feuille en aiguille
          Secouant de l’hiver le noir manteau de deuil,                         Du térébinthe, on sent, comme par un treillis
     Tout verdit, tout fleurit, tout sent bon, c’est merveille !            Phébus, qui de ses traits vous transperce et vous grille
      En quelques jours, tout charme et l’odorat et l’œil.                     L’air, chauffe là, s’épand sous chênes et taillis.


          Le promeneur lui-même a subi cette ivresse,                               Tout travaille, le pin distille sa résine,
             Il oublie à la fois, et l’âge et la douleur,                     Le gland mûrit, les fleurs, en hâte d’être fruits,
           Et semble faire aussi retour à la jeunesse,                            Exsudent cire et miel que l’abeille butine,
          Mais il en goûte mieux désormais la douceur.                          Le gibier à poils et à plumes élève ses petits.



       L’enfant cueille les fleurs, le vieillard les admire,                         Tandis que la cigale agite sa crécelle,
       Il craint de les toucher ! Ces parfums qu’il aspire                       La fourmi prévoyante emplit son escarcelle,
          Ces riantes couleurs, il sait qu’il les perdrait.                   Glanant partout un peu, ne laissant rien dehors.


         De même quand il voit un jeune et frais visage                         La vie en son été n’est pas toujours aimable,
      L’Amour cueille les fleurs de Beauté : c’est l’usage,                    C’est le temps de la lutte ardente, infatigable,
      Mais leur plus puissant charme aussitôt disparaît !                    Fortune, gloire, honneur, tout se conquiert alors.
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